And so you see…, de Robyn Orlin au Théâtre de la Bastille

and so you seeRobyn Orlin annonce sa dernière création, And so you see…our honourable blue sky and ever enduring sun…can only be consumed slice by slice…,  comme un requiem pour l’humanité. Elle créait un solo avec le jeune danseur d’Afrique du sud, Albert Ibokwee Khoza. Un personnage imposant qui nous questionne sur le mélange des genres. Comment survivre dans une société destructrice, aux cultures et aux mentalités figées ? Sans cesse filmé, avec en fond le Requiem Lacrimosa, de Mozart, il créait le contraste et tente de transformer les larmes de l’horreur  en célébration de la vie.

Le début de cette performance est très esthétique et animale. Caché par un drap, qui l’enveloppe comme dans une chrysalide, on le délivre pour qu’il apparaisse coincé dans du film en plastique, comme la chenille dans son fil de soie. Enfin révélé au monde, son corps colossal découvert, l’artiste débute son exploration des sept péchés capitaux. Il se gave d’oranges avec gloutonnerie, mange la peau, le jus coule le long de son corps. Se pare de diamants afin d’attiser les jalousies. S’énerve, crie, se pavane…

@jeromeseron
@Jerome-Seron

Il tombe dans un enchainement d’actions parfois incohérentes et creuses. De l’attente jaillit, ponctuée par des respirations humoristiques, en interaction avec le public, digne d’un late-show américain. Le danseur se moque des conventions et l’autodérision est de rigueur. Des instants divertissants qui fonctionnent mais qui sèment davantage le trouble dans la cohésion et le sens du spectacle. Trop de travers sont dénoncés. Il est périlleux de déceler la graine qui a fait jaillir toutes ces branches.

Le danseur révèle les difformités des hommes et de notre monde en questionnant son identité en tant que noir chrétien homosexuel. Qui  plus est, travaillant avec une chorégraphe blanche, dans un pays ou le racisme est de mise. Les trafics d’armes sont évoqués, Poutine est ridiculisé et nargué. Il enchaine les mouvements, les chants et les invocations qui prennent parfois des airs de rituels. Pourtant, la danse est relativement absente durant les 1h de représentation. Quel dommage…

@Jerome-Seron
@Jerome-Seron

L’esthétique reste l’aspect le plus convaincant. Le danseur, assis dos au public, est filmé tout le long de sa performance. La vidéo créait des effets en changeant les angles : vue de haut, de face, vue du public, effets avec des miroirs. Omniprésente elle renverse les rôles et place le danseur en position de spectateur et d’observateur envers la salle. Les costumes de Marianne Fassler, sont sublimes. Albert Ibokwe Khoza, s’enduit le corps de gouache grâce à son collier de fausses bombes, remplies de peinture bleue. Sans oublier cette roue de paon qu’il revêt. Un animal aux milles couleurs, dont il prend la forme pour mieux incarner l’immortalité.

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