Timon/Titus, par David Czesienski au 104

@Pierre Planchenault
@Pierre Planchenault

Faut-il payer ses dettes ? Vaste question que se pose le Collectif OS’S, gagnant du dernier Festival Impatience. Toujours au 104, sur fond de toile shakespearienne, ils s’inspirent de deux tragédies « Titus Andronicus » et « Timon d’Athènes », pour créer leur « Timon/Titus ». Une pièce en plusieurs temps, un volet académique et moderne, nourri de débats et de prises de paroles entre les sept comédiens, autour de la dette. Un second temps, purement théâtral avec une fiction agrémentée de rappels à Shakespeare.

Un châtelain, père de plusieurs enfants décède. Ses trois filles et son fils, découvrent qu’ils ont une demi-sœur et un demi-frère cachés, ce qui risque soudainement de perturber la répartition de l’héritage tant attendu : le château. Une situation, qu’ils rejouent plusieurs fois, sous différents angles, changeant les enjeux pour évaluer l’évolution des réactions selon l’héritier. Ils mettent en valeur la tyrannie de l’argent et les vengeances qu’elle provoque. Toujours dans l’humour et la dérision, ils créaient un univers divertissant, qui égaye le spectateur. Dans un décalage permanent, usant de plaisanteries et de clichés qui fonctionnent, ils croisent les histoires de famille, d’argent et de tragédies. Nous ne pouvons pas passer à côté de ses sept comédiens qui font preuve d’une énergie folle. Bess Davies, Marion Lambert et Mathieu Ehrhard se distinguent par leur charisme et leur fantaisie.

 

timon et titus

Des passages plus didactiques s’entremêlent autour de l’intrigue au château. Les comédiens, dans une mise en scène de David Czesienski, originale et pleine d’inventions, simples, amusantes et efficaces, débattent de la dette. Faut-il toujours régler ses dettes ? Les effacer comme au temps de l’Antiquité ? Emprunter signifie pourtant que tôt ou tard on devra rembourser. Les personnages tentent alors de remonter aux origines de la dette selon le facteur social, politique ou économique d’un pays. La dette créait indéniablement du rapport humain en développant les échanges. Rapport indispensable, qui est au centre de la vie. Ils s’interrogent aussi sur la nature de l’homme. L’homme est il foncièrement mauvais. Timon et Titus répondent à cette question : l’homme est déterminé par ses actes et non par sa nature. De nombreux débats s’ouvrent, toujours plus pertinents, mais les arguments voguent en superficie et laissent peu de traces. Les comédiens ouvrent la brèche mais balaient scolairement le sujet. Ils ne s’engouffrent pas intellectuellement ce qui nous laisse sur notre faim.

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