Golgota, de Bartabas

golgotaPour sa dernière création théâtrale, Golgota, Bartabas quitte le Fort d’Aubervilliers et investit avec passion et engagement, la scène du Théâtre du Rond-Point. Plus d’une heure de sublime, un spectacle ponctué par la confusion et la concordance entre les pas du danseur de flamenco Andrés Marìn et les sabots des chevaux, incroyables de rigueur. Quel magnifique trio, ou plutôt duo lorsque l’on ressent la fusion formée entre Bartabas et ses étalons. Un enchaînement de tableaux qui définissent l’évolution de la relation entre les êtres. Ils s’observent, se défient, puis s’accordent et s’unissent, pour qu’enfin, l’homme et le pur-sang se confondent. Pas de hiérarchie du pouvoir, mais une dualité et une singulière curiosité à découvrir l’autre, le cheval, seul survivant de ce calvaire religieux.

Andrés Marìn apparaît avec évidence comme le danseur idéal. Effectuant une performance hypnotisante, il nous surprend par l’exactitude de son rythme, par la précision de ses chorégraphies et par cette allure défiante et enivrante de force. Il se fond avec délicatesse et émotion dans l’univers atypique de Bartabas, lui apportant la volonté et la puissance d’un corps regorgeant d’inventivité et de passion.

La mise en scène millimétrée, les jeux de lumières et la scénographie élégante et poétique contribuent à la création d’un univers à part, perdu entre lunaire et mystique. Nous assistons à des moments suspendus, à des silences brisés par un tempo et une sensibilité. C’est une histoire de partage, un don de soi et un sacrifice proche de la grâce. Un moment d’expression qui se cherchera jusqu’au châtiment dernier.

Toutes ces sensations sont renforcées par les chants grégoriens qui nous invitent au recueillement et à la contemplation. L’orchestre est intégré à la trame, ce qui amplifie l’aspect sacré du spectacle. Un ton ecclésiastique, qui n’en oublie pas pour autant quelques notes d’un humour fin et à propos. En somme, une magnifique création qui nous marque par sa beauté esthétique et par sa beauté du cœur qui interroge sur notre apprivoisement à l’autre, homme et animal confondus.

 

Théâtre du Rond-Point

Golgota, création de Bartabas

Chorégraphié et interprété avec Andrés Marín

Jusqu’au 11 mai 2014

Retrouvez cet article sur l’Huffington Post

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