Avec My body is a cage, titre d’une célèbre chanson d’Arcade Fire, Ludmilla Dabo présente un spectacle singulier sur l’éreintement et la lassitude d’un quotidien, sur le poids des corps exempts de toute fatigue. Fascinante et sublime en meneuse de cabaret, elle convoque autour d’elle des figures féminines, dont les paroles se libèrent, pour laisser place au droit d’écouter leurs signaux d’alertes internes.
Que ce soit en héroïne violentée dans Jaz ou rayonnante dans la peau de Nina Simone, la comédienne et chanteuse Ludmilla Dabo nous laisse toujours un souvenir impérissable. Cette année, pour la première fois, elle se place de l’autre côté du plateau et signe le texte et la mise en scène de sa première pièce de Théâtre: My body is a cage, à découvrir au Théâtre de la Tempête.
Toujours dans une volonté de bouleversé les frontières et de mêler les disciplines, My body is a cage fraye son chemin entre Théâtre, chant et musique. Ici le ton est donné dès l’arrivée des spectateurs dans la salle Copi. Une DJ est derrière ses platines et fait résonner une musique électro qui tournoie aussi vite que la boule à facette suspendue au plafond. Ludmilla Dabo fait une entrée remarquable et remarquée. Coiffée d’une haute perruque blonde platine, vêtue d’une robe dorée tout en strass, le maquillage pailleté, l’oeil de biche, elle s’avance avec assurance et extravagance. Véritable chauffeuse de salle, son éloquence présage un show sensationnel. Son discours est clair: elle propose au public de s’interroger sur la fatigue, ce sentiment familier, qui nous habite tous. Elle souhaite explorer cette lassitude, la dompter, apprendre à l’exprimer à l’accepter, à s’en libérer. Comment vous sentez-vous ? Êtes-vous fatigués ? Autant de questions banales qui renvoient pourtant à un mal de société. Un poids qu’elle et les trois comédiennes à ses côtés traitent avec férocité, humour et poésie. Le spectateur assiste à une sorte d’atelier cabaret de la pensée. Une forme déjantée et décalée, presque irréelle, à l’endroit de toutes les permissions et de toutes les vérités : la scène de Théâtre.
La metteuse en scène créait une atmosphère qui oscille entre l’obscurité des âmes et la sensualité des êtres. Les femmes sont à l’honneur et offrent au plateau des corps en détresse qui tentent de se frayer un chemin vers la vérité. Lorsque les masques tombent et que les artifices disparaissent, la voix d’Alvie Bitemo s’élève, pleine de grâce et de fragilité. Des instants à fleur de peau qu’on aurait souhaité plus nombreux. Malgré tout nous repartons avec l’énergie de Ludmilla Dabo, cette comédienne entière et généreuse, capable de se fondre dans la peau de tous les combats.
From dancing with the one I love
But my mind holds the key
From dancing with the one I love
But my mind holds the key
Of fear and self-doubt
It’s a hollow play
But they’ll clap anyway