Avec Anaïs Nin au miroir, d’Agnès Desarthe, la metteuse en scène Élise Vigier nous livre le portrait sensuel et artistique d’une égérie des années folles. Valse langoureuse sur les planches du Théâtre de la Tempête, entre mondes intérieurs et magie onirique ; Anaïs Nin est bel et bien vivante !!!
Le spectateur les découvre au fil de l’eau : des comédiens, une danseuse et une femme de ménage qui se retrouvent chaque jour dans un Théâtre, pour répéter leur spectacle autour d’Anaïs Nin. Une figure emblématique, une écrivaine libérée du siècle dernier, toujours célèbre pour ses journaux intimes sans filtres et parfois décadents, qui retranscrivent toute sa vie intime. Cette petite troupe d’artistes convoque le fantôme de cette autrice pour essayer de saisir et de représenter toute la complexité de cette femme obsédée par le mouvement et par la vie. Tour à tour ils incarnent une facette d’elle et jouent un extraits d’une de ses nouvelles.
Oscillant entre fiction et réalité, la metteuse en scène Elise Vigier brouille les pistes et créait une réflexion intemporelle autour de la liberté et de la place de la créativité. La scénographie et la mise en scène foisonnent d’idées et de rebondissements. La pluralité artistique, au cœur de la pièce, insuffle des mouvements continus et ouvre des espaces sans limites. La vidéo renforce ce temps suspendu, ce voyage entre deux époques qui se rejoignent et la nécessité de jouir du moment présent. Les tableaux dansés, magnétiques et envoûtants, amplifient la part de fantastique qui occupe certaines nouvelles d’Anaïs Nin. Louise Hakim tambourine, ondule, se contorsionne. Tout son corps est un tableau étrange et exalté.
Les comédiens se prêtent avec espièglerie et malice au jeu de l’imaginaire et de la fluidité. Ils explorent sans retenue et sans tabous des mondes emplis de désir. Les corps s’inventent, se découvrent, se transforment et avouent le pire. La réalité est sans cesse remise en question. Chaque comédien se cherche à travers le personnage énigmatique d’Anaïs Nin, la femme transgressive aux multiples facettes.
Élise Vigier a su s’entourer de comédiens décalée et insolites. Chacun apporte sa singularité et sa touche douceur à ce cabaret rocambolesque. Ludmilla Dabo, comédienne époustouflante dans tous les registres se détache et rayonne. Femme charismatique à la voix de velours, elle apporte à cette Anaïs Nin au miroir, un humour et une présence qui aurait enchanté la défunte chasseuse de bonheur.