Notre jeunesse, d’Olivier Saccomano mis en scène par Anaïs Assémat au 11 Avignon

Anaïs Assémat adapte Notre jeunesse d’Olivier Saccomano au 11 Avignon. A travers plusieurs tableaux qui s’enchainent au rythme d’une musique en live, elle dresse, avec brio, le portrait fracassant d’une jeunesse en souffrance et désillusionnée. Des jeunes, oubliés trop vite, obligés de se battre avec leurs propres armes pour mener une guerre de l’esprit et lutter contre leur disparition. 

Grim, 20 ans, étouffe dans son quartier, il veut fuir son quotidien vide de sens. Il décide de braquer le bar du coin puis de disparaître en faisant croire à sa mort. Parallèlement, Anna, 19 ans, apprend qu’elle est enceinte. Bouleversée, elle se saoule et se fait embarquer par la police. Le commissaire qui prend sa déposition est à cran. La pression du 14 juillet le rend extrêmement agressif. Lors de sa confrontation avec Anna, il commet un geste irréparable. Elle ne le supportera pas.  

« Lola – Souvent, c’est quand je m’arrête de faire quelque chose, n’importe quoi, marcher, parler, travailler. C’est comme si je tombais dans un trou. Ou alors j’ai l’impression de me voir du dehors, comme si j’étais un personnage, le personnage de Lola, et qu’on pourrait aussi bien m’effacer et me remplacer par quelqu’un d’autre. On lui mettrait mes habits, on lui donnerait ma voix, et personne n’y verrait que du feu. Ca ne changerait rien à l’histoire parce qu’il ne m’arrive rien. » – Notre jeunesse, d’Olivier Saccomano aux Solitaires Intempestifs

Notre jeunesse pointe une génération qui hérite de la souffrance des parents. Des êtres presque prédestinés à l’échec qui sont coincés dans leur condition sociale et géographique. Une génération perdue, en quête d’identité. Des jeunes adultes qui sont dépourvus de rêves si ce n’est celui de disparaître pour sortir de leur carcan social, échapper à leur quartier des cailloux blancs. La mise en scène rythmée et parfaitement orchestrée pointe la déshumanisation qui s’empare de notre société, de la sphère professionnelle et qui parasite pour mieux détruire les relations humaines. Malgré tout, le désir de créer du lien avec l’autre persiste. Parce qu’on ne ressort jamais indemne des drames qui nous entourent et parce que la violence gratuite peut rapprocher, fédérer, entraider et permettre de s’opposer ensemble à une injustice commune.

Les comédiens s’emparent avec verve et sensibilité de ce sujet trop étouffé qui habite pourtant notre époque. Fani Carenco, Grégory Nardella et Nader Soufi sont bouleversants !

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