Valérie Lesort, véritable Mary Poppins du théâtre s’installe à L’Opéra-Comique et y propose sa mise en scène de La Périchole, de Jacques Offenbach avec Julien Leroy à la direction musicale. Retrouvailles régressives et colorées avec l’univers espiègle et décalé de cette metteuse en scène interdisciplinaire qui sublime toutes les partitions !
© Stefan Brion
A l’origine de La Périchole, on trouve le récit de la vie d’une comédienne et courtisane péruvienne Camila Périchole, lui-même inspiré de celui d’un personnage historique, Micaëla Villegas dite « la perra chola », qui fut en son temps actrice et surtout maîtresse du vice-roi du Pérou Don Manuel. Mérimée s’en était déjà inspiré pour sa comédie Le Carrosse du Saint-Sacrement, où sous la plume des librettistes d’Offenbach, elle devint chanteuse des rues.
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Depuis plusieurs années la metteuse en scène et plasticienne Valérie Lesort éblouit par ses spectacles colorés et régressifs, véritables boites à bijoux regorgeants de finesse et d’humour. Elle créait des mondes imaginaires dans lesquels tout est précieux, poétique et charmant. Après un Ercole amante, de Cavalli, pop et lunaire, elle revient sur la scène de L’Opéra-Comique avec La Périchole, vaste terrain récréatif pour une telle metteuse en scène.
À Lima, au XVIIIème siècle, une chanteuse des rues, la Périchole et son amant Piquillo, mènent une existence misérable. Le Vice-Roi Don Andrès de Ribeira qui participe incognito à une fête populaire remarque la jeune femme épuisée par la faim et lui propose de l’emmener à la Cour. La Périchole accablée par la misère finit par accepter et laisse une touchante lettre d’adieu à Piquillo. Mais une dame de la Cour se doit d’être mariée et l’amant délaissé est choisi par hasard pour être l’époux complaisant de la nouvelle favorite du vice-roi. Piquillo, parfaitement ivre, épouse donc sa maîtresse sans en avoir conscience. Quand il recouvre sa lucidité, il ne peut que dénoncer avec fureur la trahison de sa perfide maîtresse. Pour punir cet éclat, il est jeté au cachot des « maris récalcitrants ». Après une série de quiproquos, il parviendra à s’échapper avec la Périchole qui n’a pas cessé de l’aimer.
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Aller garanti pour Lima, dans une Amérique du Sud reconnaissable à ses tons bariolés, ses maisons coloniales et ses palmiers. Les chanteurs, danseurs et comédiens illuminent la salle de leurs costumes acidulés et fantasques. Vanessa Sannino a créé des pièces abracadabrantes qui offrent à cet opéra bouffe un comique et un décalage délicieux. Les Liméniens portent des costumes traditionnels cachant des jupons de tulles colorées. À la cour du vice-roi les demoiselles d’honneur et les hommes sont parés de robes et de déguisements qui leur donnent des allures d’apidés. Ces superbes pièces, ingénieusement élaborées contribuent à des moments de pure beauté et de modernité. Des danseurs dissimulés sous des combinaisons intégrales noires, parées de détails symboliques (cœur, partition) ouvrent davantage la porte de l’imaginaire. Tous les costumes, les tissus, les détails sont étudiés avec soin et contribuent à l’humour et au piquant de cette mise en scène qui sublime le modeste livret d’Offenbach.
Julien Leroy dirige d’une main de maitre l’Orchestre de Chambre de Paris qui propose à Valérie Lesort un terrain de jeu encore plus vaste. Sacré challenge que d’accorder autant de chanteurs, le Chœur de chambre Les éléments et les danseurs qui s’entremêlent à la perfection. Chaque tableau, chaque ensemble est parfaitement coordonné et harmonisé. Stéphanie D’Oustrac est une superbe mezzo-soprano et une Périchole espiègle et pétillante. Elle forme un binôme attachant avec Philippe Talbot un envoutant ténor et un Piquillo frétillant de jalousie et de tendresse.