Tout ça par amour, est un seul en scène d’une pureté incroyable, un véritable bijou théâtral écrit par Julien Poncet et Edwige Baily et mis en scène par Julien Poncet, à découvrir au Théâtre des Doms.
Tout ça par amour, s’inspire de l’idylle interdite entre Gabrielle Russier, agrégée de lettres avec l’un de ses élèves adolescent âgé de 16 ans. L’affaire secoua la France de la fin des années 60, jusqu’à générer un film réalisé en 1971 par André Cayatte, Mourir d’aimer.
Elle apparaît avec fracas, muni d’un cartable, d’une paire de lunette et d’une perruque. Elle se présente à ses nouveaux élèves comme leur professeure de Littérature et de Latin. Gesticulant tout azimut, le corps élastique, multipliant les cabrioles, la voix vieillit et chevrotante, cette illuminée délicieusement drôle et complétement décalée raconte avec fougue l’histoire d’(H)Antigone, de Sophocle. Elle revient sur l’histoire tragique de cette héroïne mythologique qui s’est battue pour ses convictions et pour que la vérité triomphe. Un tour sur elle-même et pouf ! La vieille professeure poussiéreuse, aux intestins fragiles et un tantinet vulgaire se transforme en une délicate professeure agrégée de lettres dans les années 60. Une jeune femme passionnée et passionnante. Une amoureuse de la Littérature, de la Poésie et de l’Art. Verlaine, Aragon, Rimbaud et tant d’autres la guident et lui ont transmis une liberté et un amour sans limite.
Les deux femmes se succèdent comme les deux faces d’une même carte. L’une possédée, le corps endiablé, gesticulant, glissant, hurlant, tambourinant sur les pas de Jocaste et d’Œdipe. La seconde, assumée et libre, se laissant guider par l’amour qu’elle ressent pour un de ses élève mineur, avec lequel elle entamera une relation consentie.
Que ce soit l’une ou l’autre, Edwige Baily les interprète avec une énergie tourbillonnante et un plaisir fou. Cette ode à la littérature, cette passion pour le verbe, la langue, est transmise au public avec tant de conviction et d’honnêteté. Les mots sont comme un pèlerinage, un chemin de croix qui guide chacun dans l’obscurité du monde. La mise en scène de Julien Poncet apporte une folie et une diversité qui créaient une forme si singulière. Qui est Edwige Baily et qui sont ces deux femmes qui ne semblent ne faire qu’une… ?
Une chose est certaine, ce spectacle rend hommage aux plus grands auteurs, aux plus beaux poètes. À ceux, qui, par une simple prose, peuvent changer le destin d’un lecteur et celui d’un spectateur.