Le déluge dramatique

Par les Villages- photoHeureux de retrouver la beauté du palais des Papes, que nous avions quittée l’année dernière, empreints de la force du « Maître et de la Marguerite », de Burney, nous revenons avec l’espoir de poursuivre ce beau voyage théâtral. Lieu majestueux, scénographie simple mais imposante, nous disposons de quelques minutes pour imaginer le rôle de ces immenses tribunes peintes en bleu, un bleu pur qui s’impose et habille, de sa clarté, la hauteur des murs de pierres. Pour honorer la puissance de ce site, Stanislas Nordey, un des deux artistes associés, monte « Par les Villages », de Peter Handke, un poème opposant le monde des intellectuels à celui des ouvriers. Une réflexion sur les souvenirs et l’attachement à ses racines.

Accompagné d’une guitare aux airs envoûtants et mystiques, Laurent Sauvage fait son apparition et se maintient immobile, le temps de s’imprégner des vibrations de cette Cour d’Honneur, suspendue à son regard et déjà pleine d’émotions. Comédien brillant, fidèle compagnon de jeu de Stanislas Nordey, entre autres dans « My Secret Garden », sa présence, seule, véhicule des sensations et exerce une emprise incontrôlable sur le spectateur. Il sera rejoint par Jeanne Balibar, légère et libre. Puis, nous aurons la chance d’apercevoir Annie Mercier, dont le timbre bien connu nous fait pénétrer dans l’antre des ouvriers. Fort d’un charisme incontestable, Laurent Sauvage aura été jusqu’à déclencher les foudres d’Avignon! À peine entré sur scène, Stanislas Nordey est immédiatement confronté à une pluie battante qui se déverse sur les spectateurs, lesquels, frustrés, décident de quitter leur siège. Terrible destinée pour la Première de cette mise en scène tant attendue et si brusquement rattrapée par la réalité de la vie! Quoiqu’il en soit, ce saisissant avant-goût ne restera que le prémice d’une aventure, que nous sommes impatients de continuer de découvrir à partir du 5 novembre au Théâtre de la Colline, dans une enceinte, cette fois, de murs parisiens.

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