Pour sa dernière création The Valley of Astonishment, dans son Théâtre des Bouffes du Nord, Peter Brook, nous offre un beau moment d’humanité et d’empathie. Dans une volonté de tolérance, le metteur en scène amène le réel sur le plateau et nous découvre l’invisible. À travers une étude de cas, il laisse place aux mystères du cerveau humain et donne la parole à ceux qui les portent et les endurent.
À première vue, ce qui est considéré comme un don extraordinaire, peut s’avérer être un lourd fardeau, impossible à maîtriser. Reconnaître ce don peut bouleverser la vie de celui qui vivait naïvement, sans besoin de l’exploiter. Un anonymat qui se transformera pour la brillante et touchante Sammy en une souffrance oppressante et étouffante, qui finira par la consumer de l’intérieur.
Un objet de curiosité interprété avec beaucoup de nuances et d’émotions par Kathryn Hunter, une comédienne profondément attachante, emplie de sensibilité et de fragilité qui nous atteignent tout au long de la pièce. Cependant, à cette parole émouvante, s’ajoute un volant plus léger, parfois proche de l’univers décalé et sociologique de Woody Allen. Si la scénographie et la mise en scène se veulent simples, épurées et efficaces, la musique toujours à propos, c’est pour mettre en avant les êtres et seulement le vivant, le cœur de la vie, l’essentiel.
À tout ce tiraillement entre la pensée et la maîtrise, s’ajoute beaucoup d’humour et de joie. Certains passages nous plongent dans une réalité fantastique, un ailleurs bienveillant et ouvert à l’autre, dans des instants de célébration et de communion avec autrui, bercé par l’illusion et la surprise. Une aventure affective qui nous fait passer du rire aux larmes, toujours avec la même intensité.
The Valley of Astonishment, une création de Peter Brook et Marie-Helène Estienne
Avec Kathryn Hunter, Marcello Magni, et Jared McNeill
Tournée 2014-2015
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