Abigail’s party ou Abigail’s nap ?
Avec sa pièce, l’écrivain Mike Leigh nous plonge dans un amusant huis clos, londonien, des années 70. Beverly et son mari Peter reçoivent deux nouveaux voisins Tony et Angela et Suzanne, qui habite dans leur rue depuis dix ans. Une petite sauterie, dans laquelle la maîtresse de maison mène la danse et la baguette.
Les personnages sont de vrais clichés de la tête aux pieds. Beverly est une femme au foyer directive et oppressante, qui noie sa frustration sous sa fausse excentricité. Peter, son mari est un caractériel stressé, victime de son épouse étouffante. Angela reflète la parfaite blonde, idiote et sexy. Son mari, Tony, l’ancien footballeur, proche du Ken muet et écervelé. Seule Suzanne, discrète et agréable, sort du lot de par sa normalité.
Au fur et à mesure de la soirée, les masques sont censés tomber. Derrière les apparences et les faux-semblants se cachent des couples à la dérive, sujets aux crises d’hystérie. En 2015, Thierry Harcourt, avait monté « The Servant », sur la même scène du Théâtre de Poche Montparnasse. Ici, contrairement à sa précédente mise en scène, la tension ne monte pas. Le public assiste sur 1h25 de spectacle à 1h20, d’un long fleuve tranquille. Les actions s’enchaînent et les comédiens maintiennent un rythme, pourtant le spectateur attend. Force est de constater qu’il attendra pour rien. Les personnages s’amusent, se chamaillent et boivent encore et encore. Même l’alcool n’y fait rien. Doux breuvage, qui aurait pourtant pu, être prétexte à la dérive espérée. Le drame survient, mais passe inaperçu. Les personnages n’évoluent pas et leurs registres se fanent.
Séverine Vincent se démarque de cet ennui avec une Suzanne crédible, toute en contrôle et en implosion. Alexie Ribes, troque son costume d’élégante et délicate Sully dans « The Servant », pour enfiler celui d’Angela, une belle plante, douce et ingénue, qui ondule au rythme des autres.