C’est en s’inspirant de ses souvenirs les plus intimes, que Daniely Francisque, écrit Cyclones, un drame, qu’elle interprète aux côtés de Gloriah Bonheur, au Théâtre de la Chapelle du Verbe incarné, pendant le Festival OFF d’Avignon. Un texte forT, qui fait partie des dix pièces finalistes pour le Coup de cœur du Club de la presse Vaucluse-Avignon.
Un soir de cyclone, en Martinique, Leyna, une femme, au tempérament sauvage, s’est barricadée à l’intérieur de sa cabane. Elle refuse de laisser entrer Aline, seize ans, apeurée, à la recherche d’un abri. Malgré ses réticences et sa mauvaise humeur, Leyna finit par céder et fait pénétrer, sans ménagement, la jeune fille dans son antre. Une jeune fille, qui, étrangement, porte le même nom que cet ouragan violent. Solitaire et méfiante, Leyna ne cessera pas de questionner Aline sur son identité et sur les réels motifs de sa venue.
Peu à peu, son aigreur et son rejet, laisseront place aux souvenirs douloureux d’une époque lointaine, qu’elle a préféré fuir. Aline, la soi-disant inconnue, bavarde et bouillonnante de vie, ne semble pas s’être perdue dans cette cabane par hasard. Au-delà de sa valise trempée et de ses anecdotes, elle ramène avec elle les démons d’un passé, jusque-là silencieux. Un passé, sur lequel pèse une terrible malédiction qu’Aline, sans le savoir, réveillera, s’attaquant aux chairs les plus profondes. Une chair blessée et anéantie, qui, après cela, ne cicatrisera plus.
Tout réside dans la parole et le mouvement, cet autre langage, aussi mémoire de tout. Les deux femmes s’affrontent, se coordonnent et se dédoublent. Leurs corps tressaillent, déraillent et se figent au sein d’une atmosphère embuée, presque mystique et inquiétante, créée par le metteur en scène Patrice Le Namouric. Une ambiance insolite, presque cinématographique. Daniely Francisque et Gloriah Bonheur nous bouleversent par leur authenticité et leur intensité. La nuit et la lumière se confrontent dans cette cabane labyrinthique où les images se figent car le cyclone s’annoncera plus dévastateur que prévu…
Merci Savannah, pour cette critique sensible et juste ! Heureuse d’avoir placé Cyclones, sous ton oeil vigilant !