« Mais il faut bien que je le dise une fois, presque jamais rien n’est joué au théâtre...tout est toujours comme si...comme si c’était possible... »
Loin de la douleur et de la force poétique propres à son œuvre, Duras, la vie qui va, nous fait découvrir une autre facette de l’auteur. L’espace d’un moment de théâtre, les deux comédiens s’éloignent des spectres de l’amour et de la mort en regroupant des textes plus légers, différents du procédé d’écriture habituel. Mélangeant optimisme trompeur, humour et espoir, les mensonges ambigus, permettent de dissimuler la solitude pesante, face au temps qui défile.
Car chez Marguerite Duras, il est toujours question de cette maîtrise du temps, d’un travail de deuil et de mélancolie, qui masque le passage du présent et amplifie cette quête sans relâche vers un sens de l’existence. Il s’agit ici d’anecdotes, de parcelles de vies, d’élans de gaietés qui n’ont pas d’autre but que celui de la parole. Aucun silence ou espace de danger, une scénographie et une mise en scène minimales, mais cette importance de la parole et du dialogue, qui nous confronte alors davantage à des voix qu’à des personnages.
Bien que rayonnante, toujours dans une attitude suspendue et nostalgique, Claire Deluca perpétue avec émotion, le souffle sans égal de Duras. Attachante, douce et pétillante, aux intonations proches de Jeanne Fusier-Gir, elle intensifie et prolonge l’espace du Théâtre de Poche Montparnasse, jusqu’à troubler la véracité de la fiction. Accompagnée par Jean-Marie Lehec, qui incarne une absurdité amusante, ils portent, tous deux, avec croyance et passion, cette écriture de la perte, cette musique inimitable.
Duras, la vie qui va, adaptation et mise en scène de Claire Deluca et Jean-Marie Lehec
Avec Claire Deluca et Jean-Marie Lehec
Jusqu’au 10 novembre 2013
Retrouvez cet article sur l’Huffington Post