Guerre, de Louis-Ferdinand Céline mis en scène par Benoît Lavigne au Théâtre de L’Œuvre

En décidant de porter pour la première fois le roman Guerre, de Louis-Ferdinand Céline sur la scène du Théâtre de L’Œuvre, Benoit Lavigne et Bérangère Gallot s’attaquent à un auteur virulent et controversé mais au génie indéniable. Un seul en scène qui fait l’unanimité grâce au talent inébranlable de Benjamin Voisin qui porte avec brio ce texte poétique et cocasse.

Écrit deux ans après Voyage au bout de la nuit, Guerre lève le voile sur l’expérience centrale de l’existence de Céline : le traumatisme physique et moral du front. Un roman d’une violence totale, entre récit autobiographique et œuvre d’imagination, une pièce capitale de l’œuvre de l’écrivain. Céline, engagé dès 1912 au 12e régiment de cuirassiers, à Rambouillet, s’était porté volontaire pour une mission périlleuse au cours de laquelle il fut blessé au bras droit le 27 octobre 1914, à Poelcappelle, puis transféré et opéré à Hazebrouck. Son double littéraire est quant à lui conduit par des Anglais à Ypres, en Belgique. Il assiste, dans un hôpital de campagne, aux jeux érotiques d’une infirmière, mademoiselle Lespinasse, avec laquelle il a même une aventure. Ferdinand se lie ensuite avec un proxénète et une prostituée, Angèle. Il finit par quitter la France en bateau, en direction de Londres, comme le fit Céline en 1915.

La scène est habillée d’un décor simple avec une toile de fond peinte et organique qui dessine aussi bien le champ de bataille, qu’un hôpital ou un troquet. 

Benjamin Voisin interprète tous les personnages avec un bagou et une aisance remarquable. Ce plaisir qu’il prend à jongler entre les personnages, la tendresse avec laquelle il les nourrit embarquent le spectateur qui est happé par les aventures de ce drôle de jeune homme.

Benjamin Voisin est un Ferdinand Bardamu espiègle à l’œil rieur. Un comédien dont le langage non verbal très travaillé apporte une authenticité savoureuse. Il s’approprie à merveille la langue outrancière et envoûtante de Céline et lui rend hommage en étant son égal d’inventivité dans la représentation.

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