Shakespeare in the woods, par Philippe Calvario

 » Pour une caresse, combien de griffes? »

La dernière création de Philippe Calvario apparaît comme un bel hommage à Shakespeare et à l’amour. Le metteur en scène crée « Shakespeare in the woods » en entremêlant trois œuvres autour d’un écho commun: celui de la passion entre l’homme et la femme. Trois pièces interprétées avec brio par dix-huit jeunes acteurs, tout juste sortis du Cours Florent. Un spectacle pluridisciplinaire qui, joué sous le chapiteau du Cirque Romanès, trouve davantage d’originalité.

L’amour sépare, le pouvoir divise et les êtres s’éloignent. Autant de vérités qui retentissent toujours, quatre siècles plus tard. Nos rapports se désagrègent et les hommes oublient l’essentiel. A travers « Le Songe d’une nuit d’été », « Othello » et « Comme il vous plaira », Philippe Calvario retrace le parcours de victimes et de femmes fortes qui, au nom de l’amour, se seront battues et auront tout tenté, jusqu’au bout de leur souffle. La figure féminine est centrale. Mais que serait-elle sans celle de l’homme qui, lui-même, sans la femme, ne vaut plus rien. Entre mariage forcé, sortilèges, déguisements et tragédies, les personnages, quelle que soit leur destinée, nous délivreront un message d’espoir et d’union. Il faut savoir lutter pour aimer à deux et combattre ensemble les obstacles.

2015-12-18-1450430232-2464166-shakespeareinthewoods.jpg
@Pascal Victor

Une création périlleuse qui brille de par sa cohérence et sa fluidité. Philippe Calvario parvient toujours à créer du rythme et de l’engouement. Comme dans « Marie Tudor », il nous entraîne dans une atmosphère rock ‘n roll au son des guitares, d’un piano et d’une batterie qui accompagnent les comédiens chanteurs, en plein show. Les scènes s’enchaînent et les œuvres sont parfois mises en parallèle pour en dévoiler les échos. Leur seul point commun est la scène de banquet du départ et celui de la forêt, un refuge cher à Shakespeare : le lieu des interdits, des rencontres et des sortilèges ; un espace neutre qui convient autant à Desdémone, Titania, Rosalinde, Hermia ou encore à Orlando, Lysandre, Démétrius et Roméo. Un cadre minéral renforcé par cette scène de cirque, en terre, occupée par deux troncs d’arbres. Un plateau et un décor atypiques qui créent davantage de réalisme que la structure d’un Théâtre car tout semble mouvant, même le toit qui nous abrite. Un lieu qui casse les barrières et rassemble tous les arts de la scène.

La force de ce spectacle si riche repose sur les comédiens qui, de par leur nombre, aujourd’hui rare sur une scène de Théâtre, renouvellent le paysage théâtral et nous plongent dans leurs folles aventures. C’est avec talent qu’ils portent Shakespeare à bout de bras et s’investissent avec fougue et audace dans leurs personnages. Certains comme Desdémone, Titania, Hermia, Puck et Rosalinde sortent du lot de par intensité, leur corporalité et leur franchise. La brutalité et les égratignures planent parfois, mais la joie et l’humour prennent le dessus des cœurs brisés. Délivrer un message d’espoir et de bonne humeur semble être le but ultime de cette pétillante troupe pleine d’entrain et d’investissement.

 

 

Retrouvez cet article sur l’Huffington Post

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *