Après l’effervescence de la 70ème édition du Festival d’Avignon et de la dernière saison dramatique, l’été est synonyme de trêve obligatoire. Seulement, après plus d’un mois de sevrage, l’attente se fait longue. À quelques jours de la réouverture des Théâtres, l’impatience de découvrir cette nouvelle saison 2016-2017, nous gagne. D’autant plus qu’elle est ponctuée par le fameux Festival d’Automne, dont la programmation ouverte sur le monde et de nouveaux horizons, se veut toujours pleine de découvertes et d’originalité.
Cette année, monter Les Frères Karamazov, de Dostoïevski, est de coutume. Après la mise en scène intelligente et la superbe scénographie, de Jean Bellorini, dans la Carrière de Boulbon cet été, c’est au tour de Frank Castorf de nous surprendre. Il nous présentera son adaptation en allemand à la MC93.
2066, de Roberto Bolaño mis en scène par Julien Gosselin à la Fabrica en juillet est repris à L’Odéon. Ce spectacle pertinent mais abusant de la vidéo conquerra t’il le public parisien ?!
A l’heure où Anne Hidalgo fait construire les premiers centres de migrants à Paris et Ivry, Olivier Coulon-Jablonska reprend 81, avenue Victor Hugo au Théâtre des Abbesses. Une belle occasion de s’inscrire dans l’actualité et de réfléchir ensemble à cette crise.
Après un succès incontestable au Théâtre de la Bastille, l’année dernière, Tiago Rodrigues reste dans la même maison. Il y présentera son Antoine et Cléopâtre, de Shakespeare. Comme en 2015, deux danseurs occupent l’espace, à la différence que cette fois la pièce sera en Français et plus en Portugais.
Soixante années de recherches l’ont conduit à explorer et à transmettre l’insaisissable. Aujourd’hui, aux Amandiers, Claude Régy tire le rideau et monte sa dernière pièce : Rêve et folie, de Georg Trakl.
Dans Jour et Je pars deux fois, de Nicolas Doutey, Rodolphe Congé s’interrogeait déjà sur le langage. Il perpétue son cheminement en montant Rencontre avec un homme hideux, au Théâtre de la Cité internationale.
Toujours dans une volonté de présence et de transmission, le Tg Stan fonctionne comme un laboratoire de partage. Au CDC à Vincennes, ils montent Talents Adami Paroles d’acteurs/Amours et solitudes, de Schitzler.
Belle découverte au Festival d’Avignon, Hearing, de Reza Koohestani, revient au Théâtre de la Bastille. Un aperçu du théâtre et de la société iranienne, à travers les paroles des femmes, souvent cachées.
Connu pour ses prises de paroles coups de poings et son anonymat envers la presse, Sylvain Crezevault revient au Théâtre de la Colline avec Angelus Novus AntiFaust. Une nouvelle création avec cette même mécanique d’écriture de plateau que pour Le Capital et son Singe en 2015.
Metteur en scène brillant Krystian Lupa, présente deux spectacles de Thomas Bernhard : Des arbres à abattre, présenté au IN 2015 et Place des Héros, franc succès du IN 2016. Le premier fait preuve d’une réflexion sublime et pertinente sur l’Art. Le second est le triste miroir et constat des dérives de notre société, une mise en garde…
Tant d’autres spectacles peuplent le Festival d’Automne, des Etats -Unis en passant par le Japon, l’Afrique et l’Espagne.
Comme l’année dernière, ma saison débutera avec l’Acteur et l’Auteur de théâtre. Des figures incontestables qui nous font trembler et nous entrainent dans les abîmes et les entrailles de l’art dramatique. J’ai nommé : Serge Merlin, qui toujours sous la direction fidèle d’Alain Françon, jouera dans Le Dépeupleur, de Samuel Beckett au Théâtre des Déchargeurs.
Après de longs débats, toujours présents, sur la place des femmes dans le théâtre, Isabelle Lafon monte au Théâtre de la Colline un cycle de trois pièces : Les Insoumises, un hommage à Lydia Tchoukovskaia, Virginia Woolf et Monique Witting.
Elle quitte le Théâtre de la Ville pour répondre à l’invitation de la Comédie Française. Julie Deliquet nous présentera Vania d’après Oncle Vania, de Tchekhov, l’intemporelle fin d’un monde.
En parlant de la Comédie Française, quelle surprise. À la lecture des auteurs montés, un renouveau total se fait sentir. Du contemporain ! Du contemporain ! De nouveaux textes, absents depuis longtemps resurgissent et les classiques disparaissent lentement mais surement. Les Damnés, d’après Visconti, par Ivo Van Hove, reviennent se nicher à l’intérieur après un accueil mitigé dans la Cour d’honneur du Palais des Papes, cet été. Curieux de découvrir : La Ronde, d’Arthur Schnitzler par Anne Kessler; Intérieur, de Maeterlinck par Nâzim Boudjenah. Ou encore Isabelle Nanty qui mettra en scène L’Hôtel du libre-échange, de Georges Feydeau. Un point d’interrogation sur Une Vie, de Pascal Rambert.
Il revient là où nous l’avons découvert un soir de novembre 2015. Ivo Van Hove, le metteur en scène le plus pertinent et juste, du moment, sera au Théâtre de L’Odéon avec une nouvelle création : The Foutainhead, d’Ayn Rand. Et pour notre plus grand plaisir, il reprend Vu du Pont, d’Arthur Miller, début 2017, toujours aux Ateliers Berthier.
Intriguant spectacle au Théâtre de la Bastille qui met l’Afrique du Sud à l’honneur avec And so you see… de Robyn Orlin. Une chorégraphe provocatrice qui avec un comédien, danseur, performer, compose un requiem pour l’humanité.
Même absent des scènes parisiennes, il est partout. Le Cahier noir, d’Olivier PY est monté au 104. Trois comédiens portent à la scène ce premier roman, écrit à 17 ans, recueil des désirs et des rêves d’un adolescent qui veut conquérir le monde.
La vidéo est une arme de plus en plus présente sur les plateaux. Avec Nobody, au Théâtre Monfort, Cyril Teste joue avec ce dispositif et brouille les frontières entre direct et différé.
Alors Planches courbes ou Planches à clous? La saison 2016-2017 est lancée !