Depuis plusieurs années, Alice & autres merveilles, de Fabrice Melquiot mis en scène par Emmanuel Demarcy-Mota illumine la scène du Théâtre de la Ville. Plongée délicieuse et régressive dans l’univers modernisé de Lewis Caroll. La véritable expérience de l’enfance perdue tout en couleurs !!
Compagnons de route depuis de nombreuses années, Emmanuel Demarcy-Mota honore le parcours jeunesse du Théâtre de la Ville en présentant cette revisite de Fabrice Melquiot. Un auteur qui à travers ses pièces jeune public déploie toujours tout un monde. Entre une langue tendre et atypique, des personnages loufoques et des situations rocambolesques, il s’impose comme un grand conteur dramatique.
« J’aimerais une vie qui soit une merveille à elle toute seule. Tant qu’à faire j’aimerais être une merveille. »
En choisissant de mettre en scène Alice & autres merveilles, Emmanuel Demarcy-Mota réintroduit la valeur de l’absurdité à travers un monde fantastique, cher à Lewis Caroll. Dans cette pièce la première règle est l’absence de règles. Le monde n’a aucun sens outre sa propre signification. C’est un monde sans réponse, dans lequel les personnages mais aussi les spectateurs doivent apprendre à s’affranchir du réel et accepter de ne pas trouver de réponse.
Alice & autres merveilles est une quête identitaire et fantastique qui déploie l’esprit. Plusieurs logiques s’affrontent sans qu’aucune ne soit déterminée vainqueur. Dans ce nouveau monde, aucun ordre n’est établi et les acquis sont sans cesse remis en question. Ici les chats du Cheshire ont de larges sourires car dans cette contrée ils ne sont pas fouettés. Les flamants roses servent de maillets pour la partie de croquets. Personne ne porte de montre et le temps n’est jamais le même pour tous.
Dans l’adaptation de Fabrice Melquiot c’est toujours l’histoire d’un rêve. En suivant un lapin blanc aux yeux roses jusque dans les profondeurs de son terrier, Alice se retrouve dans un monde inconnu. Elle rencontrera toute une palette de personnages extraordinaires et non conformistes. Nous retrouvons le lapin en retard, le Chapelier, la Chenille et la Reine de cœur. Nous découvrons de nouveaux personnages plus modernes, marques de l’adaptation de Fabrice Melquiot. Alice croisera le Chaperon rouge, la poupée Barbie, Pinocchio, le Grand méchant loup, une cuisinière et le bébé de l’archi-duchesse transformé en cochon.
Emmanuel Demarcy-Mota embaume l’Espace Cardin d’un vent de magie à la sauce rock’n’roll. La scénographie d’Yves collet, les costumes de Fanny Brouste et les lumières d’Yves Collet et de Christophe Lemaire créaient un monde enchanteur qui hypnotise petits et grands. Les lumières franches et colorées habillent la scène d’atmosphères cinématographiques dans lesquelles les ombres grandissent et rapetissent sur commande. Des effets d’optiques, au mobilier surdimensionné, tout est mis en place pour faire illusion. Les chapeaux garnis de détails, les costumes texturés et les accessoires déjantés offrent aux personnages des physiques enchanteurs et surprenants.
Alice la rêveuse curieuse est interprétée par Isis Ravel douce comédienne qui régresse avec plaisir dans ce monde fabuleux et inouï dans lequel tout est permis. Elle est entourée de la Troupe du Théâtre de la Ville et notamment de Sandra Faure exceptionnelle en Reine de coeur glaçante et délurée.