Inspiré de l’œuvre majeure du grand philosophe et théoricien Karl Marx, Sylvain Creuzevault chamboule les codes du Théâtre de la Colline avec Le Capital et son singe.
Expérience collective relevant du vivre ensemble, avec un dispositif bi-frontal et la lumière maintenue dans le théâtre, le public est pris à partie, concerné par le combat qui se déroule sous ses yeux. Une révolution secrète qui met en scène des conflits de valeurs du XIXe siècle, dans un rapport au temps et au pouvoir assez pertinent.
Le capitalisme, la place du travailleur, le système du salaire, la marchandise, l’échange et le pouvoir. Autant de sujets évoqués en profondeur, au cœur d’un débat militant, dans lequel chacun tente de trouver sa place en exprimant ses idées. Des idées et des prises de position en vue d’un meilleur avenir, d’une justice et d’une reconnaissance au goût de liberté.
Ainsi, les comédiens nous bombardent d’informations politiques et philosophiques pendant 2h45. Un spectateur novice face à cette période historique et à ces courants de pensée, une personne survolant superficiellement Marx, Blanqui, Raspail, Lacan, Hegel ou encore Lamartine, est contrainte de passer à côté de beaucoup d’évocations, de confrontations et de finesses. C’est ici, le seul reproche de fond que nous pourrions faire au metteur en scène qui cible ici un public trop averti et cultivé, fervent de cette période et capable, seul, d’en saisir toutes les nuances.
Malgré tout, Sylvain Creuzevault nous renvoie à notre société et à toutes ses incohérences politiques et risibles. Un monde dans lequel Thomas Thévenoud offre à la médecine la découverte d’un nouveau syndrome à pathologie économique. Un univers de valeur et de connections matérielles dans lequel on y oublie parfois la communication et l’échange.
Une parole au cœur de ce travail. Un langage avec lequel les êtres expriment avec conviction et panache leurs idéaux. Un magnifique panel, de treize comédiens hauts en couleurs, qui oscillent entre improvisations stupéfiantes et texte maitrisé, tout en mettant en lumière des personnalités fortes, atypiques et convaincantes.
Théâtre de la Colline
Le Capital et son Singe, inspiré du texte de Karl Marx, mise en scène de Sylvain Creuzevault
Avec Vincent Arot, Benoit Carré, Antoine Cegarra, Pierre Devérines, Lionel Dray, Arthur Igual, Clémence Jeanguillaume, Lucette Lacaille, Léo-Antonin Lutinier, Frédéric Noaille, Amandine Pudlo, Sylvain Sounier, Julien Villa, Noémie Zurletti
Jusqu’au 12 octobre 2014
Retrouvez cet article sur l’Huffington Post