Je ne me souviens plus trés bien, de et par Gérard Watkins

imagesDans quelles mesures notre histoire personnelle s’inscrit-elle dans celles des autres ? Qu’en est-il de la mémoire intime face à l’Histoire commune ? Dans Je ne me souviens plus très bien, l’amnésie volontaire peut parfois dissimuler bien des surprises.

C’est le cas d’Antoine D, un vieil homme qui tente de se souvenir pour remplir les cases vides d’une existence envolée. À première vue, un simple cas médical, qui se transformera pourtant en véritable règlement familial. Ainsi, un trio aux airs effrayants et parfois incisifs se dessine sur la scène du Théâtre du Rond-Point. Le passé resurgit, le temps se délite et se défragmente pour nous plonger dans une sphère sans repères, qui nous renvoie à nos propres souvenirs perdus.

Cette intemporalité marquée, est subtilement renforcée par la scénographie épurée et clinique, qui offre à cette chambre, sans signes distinctifs, une figure futuriste et parfois apocalyptique. Au sein de cet espace, oscillant entre instants figés et bombardements d’informations et d’images, les personnages évoluent, chacun dans un registre bien différent et au commencement un tantinet forcé.

Philippe Morier-Genoud illumine la scène avec son allure mêlant énigme, effervescence et charisme. Il manie à la perfection et de manière nuancée, le passage de l’évanescence au caractère bien trempé. Géraldine Martineau, légèrement cliché dans un premier temps, s’avérera d’un vampirisme déluré et effrayant assez redoutable et séduisant. Quant à Fabien Orcier, sa chute se fera doucement ressentir et cet homme pragmatique et sécurisant perdra lentement pieds.

Gérard Watkins, le metteur en scène et auteur, parvient à constituer une belle énergie même si le jeu est parfois bancale et que peinons à nous ancrer dans un univers stable. Le sentiment de malaise assez désagréable qui s’empare de nous à certains moments, s’avère justifié par le retournement final, qui pose de véritables questions générationnelles sur les traces que chacun désire laisser dans son rapport à l’autre.

Théâtre du Rond-Point

Je ne me souviens plus trés bien, texte et mise en scène de Gérard Watkins

Avec Géraldine martineau, Philippe Morier-Genoud, Fabien Orcier

Retrouvez cet article sur l’Huffington Post

 

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