The Servant, de Robin Maugham par Thierry Harcourt

THE-SERVANT-SLIDE4-PAGEHypnotisés de la première à la dernière parole, Thierry Harcourt et Robin Maugham, traduit par Laurent Sillan, nous plongent dans l’univers britannique de The Servant, un huis-clos inquiétant, aux tournures inattendues.

Propulsés dans une demeure bourgeoise du 20e siècle, nous découvrons plusieurs personnages dont les relations intimes et très courtoises, se verront chamboulées par l’arrivée de Barrett, le nouveau domestique de Tony, le propriétaire du lieu. Le climat jovial et chaleureux se noircira petit à petit. Les rapports entre Tony, Sally et Richard, s’obscurciront afin de laisser place au mensonge, à la déchéance et au repliement. Le vice et les manipulations audacieuses prendront le dessus et celui qui dirigeait en maître, perdra le contrôle et abandonnera la partie au profit de celui qui lui était soumis.

Un changement de rôles et une perte d’identité qui interroge sur les travers humains et sur les limites à l’abandon au sein d’un climat de confiance parfois trompeur. À trop dépendre de l’autre qui cache sa vraie nature derrière une servitude exemplaire, le maître de maison devient le pantin de son domestique. Une manipulation et un désir de domination retranscrits avec suspens et finesse à travers une mise en scène fluide qui annonce le délitement crescendo. Humour et complots s’entremêlent sur un fond de lutte des classes qui prend parfois des airs de film policier. Les scènes s’enchaînent et les lumières évoluent, offrant à la scène du Théâtre de Poche Montparnasse, une allure feutrée et inquiétante qui maintient en éveil et entraine le spectateur dans la tourmente des personnages.

Cinq individus aux visages ambigus, cinq comédiens aux facettes remarquables. Leurs interprétations sont parfaitement limpides, spontanées et leurs personnages entiers et complètement étudiés. Xavier Lafitte, crédule et innocent, sombre à merveille et avec plaisir dans le piège tendu par Barrett, un Maxime d’Aboville surprenant de ressources et de rigueur, virant avec brio vers une bestialité effrayante. Alexie Ribes interprète Sally avec délicatesse, féminité, élégance, sincérité et sensibilité. Elle pétille et parsème le plateau d’une légèreté pure et rassurante.

L’humour, la folie et l’exubérance apparaissent à travers Vera et Kelly, deux femmes de chambre que Roxanne Bret habille avec une époustouflante vivacité, alliée à de la grivoiserie et à une minauderie amusante mais redoutable. Enfin, Adrien Melin, représente Richard, l’ami fidèle et pragmatique, un homme au tempérament sérieux et prévoyant, un personnage qui complète ces différentes entités et représente la droiture et la bienséance face aux déviances de ce quintet infecté, que même le jazz endiablé mènera à la dérive.

 

Théâtre de Poche Montparnasse

The Servant, texte de Robin Maugham, mis en scène par Thierry Harcourt

Avec  Maxime D’ABOVILLE – Roxane BRET – Xavier LAFITTE – Adrien MELIN – Alexie RIBES

Jusqu’au 12 juillet 2015

 

Retrouvez cet article sur l’Huffington Post

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