Mon dîner avec Winston, d’Hervé Le Tellier mis en scène par Gilles Cohen au Théâtre du Rond-Point

Avec sa dernière pièce Mon dîner avec Winston, présentée au Théâtre du Rond-Point, Hervé Le Tellier signe un texte drôle, sensible et poétique. Ce seul en scène est porté par un Gilles Cohen bouleversant de subtilité, de fragilité et de tendresse.

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Comme chaque semaine, Charles, un soixantenaire à l’existence banale, prépare à dîner pour un invité de prestige : Winston Churchill, un des hommes politiques les plus reconnus du XXe siècle. Une figure historique qu’il idolâtre depuis sa plus tendre enfance. Un orateur et un combattant reconnu, mais mort depuis plus de cinquante ans. Malgré cette certitude Charles l’attend, persuadé qu’il pointera enfin le bout de son cigare.

L’attente se dissout entre célèbres discours politiques de Churchill, paroles poétiques de Rudyard Kipling et frasques quotidiennes de Charles. La pièce confronte l’Histoire collective à l’histoire personnelle de Charles, ce héros raté, agent d’assurance pour une agence de voyage. Un cavalier seul qui rêve d’une autre existence, pleine d’aventures et de panache. Un homme aux personnalités multiples qui sait reconnaître les failles de son idole, souvent semblables aux siennes.

Ce seul en scène, véritable déclaration d’amour à son opposé, est un voyage émotionnel, sensoriel et poétique. Le texte sans fausses notes, d’Hervé Le Tellier nous plonge dans une humanité profonde et sensible. Bien loin de la leçon didactique d’Histoire, nous suivons Charles, ce personnage attendrissant, en proie à la tornade de son imagination.

Gilles Cohen, qui se met en scène lui-même, déambule dans un décor signé Jean Haas, mêlant un triste quotidien à des images d’archives décalées. Le comédien se fond avec amusement et délicatesse dans la peau de ce personnage singulier. Avec douceur et passion, l’éloquence de Gilles Cohen suspend le temps et nous laisse rêveur. En seulement une heure de représentation, il créait des mondes qui se croisent, s’entremêlent et se choquent.

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