Vertige (2001-2021), de Guillaume Vincent au Théâtre des Bouffes du Nord

Nous l’avions quitté sur la scène du Théâtre de L’Odéon, en 2019 avec une sublime adaptation des Mille et une Nuits. C’est au Théâtre des Bouffes du Nord que Guillaume Vincent présente sa nouvelle création Vertige (2001-2021), une ode à la jeunesse et à la nécessité de l’art dramatique.

@Simon Gosselin

En 2021 Guillaume Vincent est invité à l’École du Nord pour un stage de six semaines avec des élèves comédiens. De ces rencontres nait le projet d’une fiction autour de 7 jeunes qui entrent dans une école de Théâtre en 2001 et qu’on suivra jusqu’en 2021. Sept personnalités aux aspirations et aux convictions bien différentes, réunis autour de la passion et de l’amour pour le théâtre. Sept jeunes confrontés au 11 septembre, à la montée de l’extrême droite, à l’épidémie du Covid.

Vertige (2001-2021), c’est histoire d’une génération de jeunes créateurs confrontés à des peurs, des doutes. Une jeunesse pleine d’ambition et de désir. Une jeune génération qui essaye de comprendre et qui continue à espérer un monde meilleur en s’accrochant à la beauté et aux poètes. Le théâtre apparaît alors comme un geste politique et poétique profondément vital. Un art nécessaire à la communion, un art qui fait ensemble et autorise tous les possibles.

Avec humour et urgence, les sept étudiants comédiens oscilleront entre réalité et fiction. Tchekhov, Feydeau ou encore Virginia Woolf s’empareront du plateau pour montrer la frontière ténue entre les personnages et les traversées intimes de chacun. Les comédiens seront confrontés à la question de la sensorialité, de la continuité d’être et bien sûr à la notion de créativité. 

Ensemble et séparément les comédiens déambulent sur un plateau presque nu, scène de tous les possibles où tout est à imaginer et à créer. Comme à son habitude, le metteur en scène a installé un rideau fluide qui cloisonne le fond de la scène. Rideau de théâtre, rideau intemporel et dissimulateur qui se pare aux couleurs acidulées des différentes atmosphères que les comédiens traversent. Bien qu’éloignés des scénographies habituelles des précédents spectacles de Guillaume Vincent, plus étoffées et fantaisistes, nous retrouvons à travers les costumes son goût tranché et stylisé pour le chatoyant et l’esthétisme. Les paillettes, le faux sang et les corps en costume d’Adam et Ève sont au rendez-vous.

Guillaume Vincent parvient avec verve et frénésie à dresser le portrait d’une génération qui constitue les créateurs, les artistes d’aujourd’hui et de demain. Brillant enchanteur dans son Songes et Métamorphoses, il continue de décortiquer, de brouiller les pistes et les mécanismes dramaturgiques. Pour cela il s’entoure de jeunes comédiens brillants et passionnés qui transmettent avec exaltation la nécessité citoyenne de l’art théâtral.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *