Lazare, auteur-metteur en scène

lazare Passionné et habité par le Théâtre, avant d’être auteur dramatique et metteur en scène, Lazare pourrait se définir comme poète. Amoureux du vers et de la pensée, il place le langage et la parole au cœur de son travail. Il lui aura fallu sept années de réflexions pour donner naissance à une trilogie qui se clôture avec Rabah Robert. Cette dernière pièce est un voyage humain entre France et Algérie ; une famille déstructurée, perdue entre alexandrins et chants, au cœur d’un marathon au dynamisme parfois infernal. Même si cette pagaille incessante peut donner une impression de course labyrinthique, les comédiens investissent leur corps afin de mieux accueillir leurs paroles et leurs idées.

Constamment en action, ils courent, sans répit, après leurs racines. Pour le metteur en scène, pas de place pour pleurnicher : la naissance d’un instant d’émotion est aussitôt brisée par une dérision forcée et constante. Lazare aime l’art du mouvement et du changement. Il ne souhaite pas que le spectateur s’installe dans une atmosphère linéaire et familière. Il déroute de par ce mélange de couleurs qui pousse parfois à la saturation. Il en est bien conscient. Engagé, il s’amuse avec les pouvoirs du Théâtre et dompte le cours du temps qu’il ralentit ou accélère pour créer plusieurs dimensions parallèles. Toutes les réalités peuvent changer et être modifiées ; il n’y a pas de règles.

De toute façon, il ne souhaite surtout pas se fondre dans le moule d’aujourd’hui en s’inscrivant dans ces phénomènes de modes qui le rebutent. Indigné face à certains discours institutionnels, il est fatigué des plaintes de ceux, qui, bien chaud, s’apitoient sur leurs salaires démesurés et s’arrangent entre eux pour s’adapter aux tendances d’une ère sans âme. Lazare est un artiste qui se bat pour créer de l’oralité et qui ne semble vivre que pour cela. Il incarne, pourtant, à la perfection, l’écart et les incohérences économiques et culturelles de notre société. Après un énorme succès au Festival d’Avignon avec Au pied du mur sans porte, il doit, néanmoins, se contenter de faire travailler gratuitement les comédiens de sa dernière création durant la moitié des répétitions. Malgré tout, face à certains discours pessimistes des Directions, il continue de croire en le potentiel et les innombrables ressources des artistes dramatiques français qui disposent d’une matière infinie pour créer encore et encore.

 

Rabah Robert, de Lazare

Jusqu’au 15 février 2014 au Théâtre de Gennevilliers

Retrouvez cet article sur l‘Huffington Post

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