Comme dans Clôture de l’amour, avec Répétition nous retrouvons cette construction dramatique propre à l’écriture de Pascal Rambert. Les monologues s’enchaînent, s’écoutent et se répondent, oubliant l’adresse directe, le dialogue, afin de faire naître une autre forme d’interaction, celle des corps. Des corps qui s’indignent, des regards qui s’affrontent, des êtres qui s’écroulent.
La parole reste au cœur de toutes les interrogations. Parler c’est vivre, exister, prendre sa place. Le langage coule dans les veines de ces quatre amis qui renaissent et se vident à mesure qu’ils s’expriment. Mais où se trouvent les limites du silence? Que faut-il taire? Quelles traces muettes auront-ils laissés?
Chacun dans un désir de vérité, face au monde et surtout à l’autre, lâchera ses pensées les plus profondes. Le groupe soudé, les repères établis et la considération d’autrui seront remis en cause. Comment gérer ce monde qui s’écroule? En parlant envers et contre tout, en allant vers le « je » intime et le jeu théâtral. Les structures s’entremêlent, la réalité du plateau est confondue avec la fiction qui nous entraine dans l’intimité confidentielle de Clay, Iris, Diane, Staline, Zelda Fitzgerald et tant d’autres personnages, miroirs de ces comédiens qui s’infiltrent dans d’autres mondes, exprimant toujours dans la peau d’un autre, un désir de vérité.
À vouloir récupérer leur liberté et leur indépendance, à trop vouloir « être », ils se rejoindront pourtant devant le constat final d’un échec. Un naufrage empli de désillusion est laissé pour héritage par cette belle famille de comédiens qui extériorise sa révolte avec violence et conviction : Emmanuelle Béart, Audrey Bonnet, Stanislas Nordey et Denis Podalydès, quatre personnalités qui bousculent les frontières de la langue pour aller puiser au plus profond de leurs croyances.
T2G, Théâtre de Gennevillers
Répétition, texte, mise en scène, chorégraphie: Pascal Rambert
Avec Emmanuelle Béart, Audrey Bonnet, Stanislas Nordey et Denis Podalydès
Jusqu’au 17 janvier 2015, puis en tournée
Retrouvez cet article et l’itw d’Emmanuelle Béart sur Des mots de minuit