Biopigs, Sophie Perez et Xavier Boussiron aux Amandiers

biopigsSe libérant des prismes du théâtre traditionnel, avec Biopigs, la Compagnie du Zerep poursuit son travail de questionnement du théâtre contemporain, en mêlant plusieurs arts, pour un résultat, comme toujours, atypique et étonnant.

Toujours dans une démarche très esthétique et visuelle, comme dans tous leurs spectacles, Sophie Perez et Xavier Boussiron semblent vouloir se rapprocher du café-théâtre et d’une parole spontanée, dénuée de carcans, de logique et de bienséance. Pas de texte, aucun fil rouge, au diable les conventions, réinventons le théâtre et touchons un autre public.

Pour leur nouvelle création, ils s’interrogent sur les fins connues ou même inconnues, des fins de spectacles ou de films qui ont pu marquer leurs quatre comédiens qui les réinventent, pour les ancrer dans notre réalité. Qu’en restera-t-il? De Don Juan à La Grande Bouffe, en passant du Cabaret à Alice aux pays des merveilles ou encore par Le silence des agneaux, les conclusions s’enchaînent, toutes plus déjantées et délirantes les unes que les autres. L’humour cru et sans limite est toujours au cœur de leurs créations. Une dérision qui parodie avec excès mais qui s’avère juste et parfois tellement convaincante qu’on s’autorise au lâcher prise. Une mention particulière pour le remake de Clôture de l’amour, dans lequel Stéphane Roger et Marlène Saldana offrent à Stanislas Nordey et Audrey Bonnet des masques ridicules et stéréotypés mais follement hilarants, en somme un beau pied de nez, loin d’être discret, au théâtre de texte.

Une folie et une exubérance qui sont également retranscrites à travers la scénographie et les costumes. Un défilé d’accessoires et de tenues folkloriques et inédites, des plumes, des masques, des perruques, des talons et un amas de diverses matières qui recouvrent la scène du Théâtre des Amandiers d’un énorme bordel, semblable à une fin de soirée festive et bien arrosée. À cela, s’ajoute cette grosse créature immobile, posée sur le plateau. Une tête d’alien, croisée à un « Furby » avec une allure de poulpe visqueux. Une imposante bestiole qui observe les événements, comme le témoin du temps qui passe et qui s’achève. Pour laisser quelles traces? Seul spectateur de ces fins anecdotiques, cette créature fera partie du clan des survivants, de ces personnalités fortes, comme Louis II de Bavière, Peggy Guggenheim et Sammy Davis Junior. Des visages marquants, interprétés par des comédiens marquants leur époque en introduisant une nouvelle manière de faire du théâtre.

Sophie Lenoir est d’une agilité, d’une malice, d’une féminité et d’une dynamique exceptionnelles. Elle reflète avec exactitude et passion l’univers époustouflant des shows de Las Vegas. Marlène Saldana est toujours dans cette attitude maladroite et dévergondée qu’on lui connait. Une libération et une émancipation du corps qui éliminent toute pudeur et appellent à l’assurance de soi. Quant à Stéphane Roger, il détient cette capacité à nous faire rire de tout. Toujours dans une parfaite maîtrise physique et verbale, il est hilarant à en pleurer. Enfin, Er Ge Yu, apporte un aspect plus élégant et plus fin à toute cette grossière pagaille organisée. Une belle palette profondément humaine, qui même si elle peut étonner et dérouter, peut-être même en choquer certains, ne laissera personne indifférent.

 

Retrouvez cet article sur l’Huffington Post

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