Blonde, en robe dorée, Isabelle Carré n’essaye pas de coller à Audrey Hepburn mais nous présente une projection d’une partie intime de cette icône du cinéma des années 50. L’auteure de « Le Sourire d’Audrey Hepburn », Clémence Boulouque, axe son texte sur la relation entre cette femme et son père absent. Absent de son enfance, de son adolescence et de sa vie adulte. Un père qui a tout manqué mais que, trente ans plus tard, elle continue de chercher et imagine.
La quête du père en fond de toile, Audrey Hepburn fait revivre ses souvenirs. Elle évoque la misère pendant la guerre, sa persévérance pour réussir dans la danse, puis l’échec : elle ne sera jamais danseuse étoile. Elle se souvient de ses débuts imprévus et inattendus. De la comédie musicale avec « Gigi », elle atterrira au cinéma et commencera sa longue carrière avec « Vacances romaines ». Un tournant qu’elle évoque avec joie, frisson et humilité.
Malgré son succès, la figure du père la hante et elle continue de s’interroger sur ce manque qui subsiste. Aujourd’hui, elle est assise en face de nous, sur la petite scène du Théâtre de L’Œuvre, souhaitant des réponses de la part de celui qu’elle a cherché toute sa vie. La honte de ce père engagé chez les fascistes et pro nazis, ne la quitte pas mais semble minime à côté de la séparation et l’ignorance.
Déjà surprenante dans « De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites », en mère perverse mais attachante, Isabelle Carré apparaît comme la comédienne aux mille visages. Sous la direction de Jérôme Kircher, elle est délicate, pudique, sensible et mystérieuse, une infinie d’émotions balaie son regard. Elle visualise et revit tout ce qu’elle nous raconte. Connectée à son récit, bien qu’immobile, assise pendant la majeure partie de la pièce, elle resplendit. La difficulté du monologue et du seul en scène, ajoutée ici à un décor discret, place la comédienne au centre des attentions, tout repose sur sa prise de parole. Isabelle Carré est indéniablement une comédienne talentueuse et touchante. Elle vit intensément cette pièce et nous la vivons avec elle.
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