Stadium, de Mohamed El Khatib – conception de Mohamed El Khatib et Fred Hocké au Théâtre de la Colline

STADIUM

N’étant pas spécialement attirée par ce sport, j’avoue n’avoir encore jamais assisté à un match de football. Pourtant, je parviens à imaginer que la ferveur et la fièvre qui se dégagent d’un stade, peuvent être comparables à l’engouement lors d’un concert, ou aux émotions palpitantes qui émanent en ce moment, du Théâtre de La Colline. Avec Stadium, Mohamed El Khatib, réunit 53 supporters du Racing Club de Lens, qui donnent naissance à une performance documentaire atypique.

Le point commun entre un Théâtre et un stade de football ? Un public empli de désirs et de rêves. Un public, certes, foncièrement différent de par ses attentes et ses motivations. Comment parvenir à confronter ces deux foules aux engagements si éloignés ? La notion d’assemblée et de communauté prend ici tout son sens. Dans les deux lieux, il s’agit d’une expérience collective, d’être ensemble et de partager un moment de vie. Que ce soit par une prise de parole publique ou un exploit sportif, l’expérience et la volonté de mixité sociale, restent les mêmes. Au début du spectacle, se pose la question de la légitimité et de la cohérence du théâtre pour un tel spectacle. La scène de théâtre apparait comme l’espace de la langue qui permet le partage, l’apprentissage, la réflexion, la dénonciation et la poésie. Autant d’envies qui transparaissent de ce spectacle témoignage, qui laisse des traces dans l’Histoire de l’Humanité.STADIUM

 

 

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Le public de la salle, très réceptif à cet amour inconditionnel des supporters pour le RC Lens, ressens le frisson de leurs enjeux collectifs. Leur addiction et leur entrain, déclenchent un patriotisme et une fraternité subite, qui se détachent du football, pour se concentrer sur la communion des êtres. Un moment de sincérité, de générosité et de bienfaisance, qui manque cruellement à notre époque. L’émotion est palpable et sans doute décuplée car elle n’est pas fictive. Ici réside toute la singularité du travail de l’auteur Mohamed El Khatib, fin reporter et dénicheur de cœurs et d’âmes. Il ne travaille pas avec des comédiens, mais il nous convoque, nous, citoyens lambda, acteurs de notre propre existence. La réalité est percutante car elle créait une continuité et une proximité avec ces supporters, au-delà du temps de la représentation. On repensera avec tendresse à Yvette, 84 ans, la doyenne, mère de dix enfants, supportrice des Sang et Or depuis 1977. À Georges, qui, sur Nisi Dominus, de Vivaldi, agite son inséparable drapeau, que sa défunte mère lui a cousu minutieusement pendant trois ans. Autant de passionnés, qui ont accepté avec humour et bienveillance, de se tenir sur un plateau de Théâtre, pour nous livrer une partie d’eux-mêmes et rétablir la vérité sur les clichés qui peuplent les mentalités.

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