Alabama Song, de Gilles Leroy mis en scène par Guillaume Barbot au Théâtre de la Tempête

Nous avions quitté Guillaume Barbot à Avignon en 2019 avec Anguille sous roche, d’après l’auteur comorien Ali Zamir. Un joyau brut où une femme nous embarquait avec elle dans une traversée intime et musicale. Le metteur en scène poursuit cette traversée féminine avec Zelda Fitzgerald et signe Alabama Song, de Gilles Leroy au Théâtre de la Tempête.

Alabama Song • Théâtre de la Tempête

Prix Goncourt en 2007 pour son roman Alabama Song, Gilles Leroy y retrace la relation tumultueuse de Zelda Fitzgerald avec son époux, le célèbre auteur Francis Scott Fitzgerald. Il dresse un portrait intime de cette femme et de son malheur, suggérant que Francis Scott Fitzgerald était un mari impuissant, incapable d’aimer sa femme à sa juste valeur.

Un couple emblème de l’âge d’or du jazz, des années folles et d’une génération perdue. C’est sans doute le couple le plus fascinant de l’histoire de la littérature américaine, que Guillaume Barbot a souhaité mettre en lumière à travers le personnage tumultueux de Zelda. Une femme dépeinte comme audacieuse, provocante, aimant attirer l’attention. Une jeune provinciale, native de Montgomery en Alabama. Une ville qui se souvient encore de sa beauté et de son toupet. Danseuse, adepte du ballet, de la fête et des excès elle finira internée et mourra dans les flammes de son hôpital à l’âge de 47 ans.

Perçue parfois comme victime d’un mari autoritaire dont elle a tenté de s’affranchir en continuant à écrire, elle est considérée comme une icône féministe, une héroïne de son temps. Personnage complexe, qui finira schizophrène, l’ambiguïté de cette femme entière mais instable n’a cessé de surprendre.

Alabama Song • Théâtre de la Tempête

Une femme insaisissable interprétée par Lola Naymark, une Zelda mutine, enfantine qui oscille entre pétulance, lucidité et folie. Une comédienne qui fait le grand écart entre ses souvenirs de liberté et ses séances à l’hôpital psychiatrique. Une artiste gâchée dont la comédienne révèle la part d’ombre, la fragilité mais pas l’effronterie. Elle tourne, déambule et écrit sur une estrade en bois qui entoure les musiciens qui accompagnent toujours le travail de Guillaume Barbot. La musique entoure, enveloppe Zelda mais l’étouffe un peu trop. Nous sommes pourtant saisis par la fin de la pièce où la comédienne, seule en scène, dans les braises, nous fait un dernier adieu.

Dans Alabama Song, le metteur en scène a pris le parti de la noirceur. La catastrophe et la désillusion arrivent bien rapidement. La subtilité de la chute est absente et les autres personnages, interprétés par les musiciens manquent de consistance.

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