La Petite Boutique des horreurs, d’Howard Ashman et Alan Menken mis en scène par Valérie Lesort et Christian Hecq à L’Opéra Comique

Après avoir relevé le défi de l’opéra bouffe avec La Périchole, d’Offenbach au printemps dernier, Valérie Lesort et Christian Hecq font leur retour à L’Opéra Comique. Cette fois, le duo de metteurs en scène déjanté adapte La Petite Boutique des Horreurs, une comédie musicale délicieusement horrifique et fantastique qui égaye cette fin d’année.
la petite boutique des horreurs

Le film américain de 1960, signé Roger Corman, inspira à deux collaborateurs des Studios Disney, l’auteur Howard Ashman et le compositeur Alan Menken, la comédie musicale Little Shop of Horrors. Créée en 1982 à Broadway , elle a gardé l’affiche pendant cinq ans d’affilés et à son tour inspiré un film musical à Frank Oz, en 1986.

Cette production poursuit la tradition de la comédie musicale, dans une version française d’Alain Marcel
Seymour Krelborn travaille chez un petit fleuriste de quartier dans un ghetto peu fréquenté. Son patron, désespérant de l’absence de clients dans le magasin, annonce qu’il va devoir mettre la clé sous la porte. Seymour propose alors d’exposer en vitrine une plante inconnue qu’il a trouvée le jour d’une éclipse. Secrètement amoureux de sa collègue Audrey, il baptise son végétal Audrey II. Intrigués par l’aspect étrange de la plante, les clients affluent et les finances reviennent au beau fixe. Cependant, la plante s’avère avoir besoin de sang humain pour grandir et Seymour, bien que donnant de sa personne, éprouve chaque jour de plus en plus de mal à la nourrir…
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Depuis plusieurs années, la metteuse en scène et plasticienne Valérie Lesort et Christian Hecq comédien sociétaire de la Comédie-Française nous régalent de leurs spectacles colorés et régressifs. Véritables magiciens originaux et farfelus, ils créaient des mondes imaginaires dans lesquels tout semble possible. En cette période morose, la malice et la joie qui émanent de La Petite Boutiques des Horreurs redonnent le sourire reconnectent le spectateur à son âme d’enfant.
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Tous les codes de la comédie musicale répondent présents et sont maniés habilement. La salle de l’Opéra Comique est transportée dans la ferveur des ruelles éclairées par les néons de Broadway. Cette avenue mythique aux productions spectaculaires. Car c’est bien de spectacle qu’il s’agit. Cette Petite Boutique des Horreurs en met plein les yeux et fera trembler les plus sensibles ! 
L’inventivité de Valérie Lesort et de Christian Hecq se déploie dans une esthétique visuelle aux petits oignons, qui passe par la scénographie et les costumes. Paillettes, plumes, banane iconique à la Elvis…bienvenue dans les années 60. Sans oublier la fameuse Audrey II, cette plante carnivore tue mouches majestueuse et plus vraie que nature. Une sorte de monstrueux muppet à la voix suave et aux dents acérées. 
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Les tableaux s’enchaînent entre comédie musicale et théâtre. L’humour omniprésent passe par le texte et son premier degré brillamment soutenu par certains comédiens comme Damien Bigourdan hilarant et cruel.  Des comédiens qui se transforment subtilement en chanteurs et les danseurs virevoltent, soutenus par le dynamisme de l’Orchestre Le Balcon.
Un voyage musical entre le monde réel et un imaginaire qui n’est pas sans rappeler certains Walt Disney. Le trio féminin pimpant de La Petite Boutique des Horreurs nous renvoie aux muses d’Hercule qui narrent l’histoire en chansons, se rapprochant souvent du gospel. Mention spéciale à Laura Nanou dont la voix gospel et pop saisit tous les sens. Nous retiendrons également Daniel Njo Lobé un chanteur soul et funk qui prête sa voix à Audrey II. Et quelle voix !
Un spectacle total où l’illusion, le pep’s et la fraîcheur soufflent un vent de bonheur sur L’Opéra Comique.

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