Tous contre tous, d’Adamov par Timar au OFF d’Avignon

tous contre tousHabituellement, le théâtre asiatique semble clinique et stérile. Dénué d’émotions et de lâcher prise. Pourtant, dans Tous contre tous, d’Adamov, les quinze comédiens de l’Université nationale des Arts de Corée, dérogent à la règle et de par leur justesse et leurs regards, ils nous réconcilient, au Théâtre des Halles, avec leur culture dramatique.

Regroupés dans un pays imaginaire, ils font face à la crise économique et à un régime politique impartial. Les écarts se creusent entre les populations et chacun tente de survivre en se raccrochant aux autres. L’instabilité et la perte d’identité, sont au centre de cette création dans laquelle les personnages sont interchangeables. Une société où chacun est remplaçable et in estimé, confronté à la difficulté de trouver sa place et à une solitude constante. La cruauté humaine est évidente et insupportable. La haine de l’autre, de l’étranger est au cœur des propos. Chacun persécute l’autre, le rejette et l’oubli, sans remord. En groupe, les actes prennent davantage d’ampleur et de légitimité.

Pour mettre l’accent sur l’indécision et  l’homme perdu car influençable, Alain Timar, le metteur en scène, prend le parti de multiplier les visages, pour les réduire au rien. Les comédiens, interprètent tous, tour à tour, tous les personnages. Ils dénoncent les méandres de l’âme humaine, la tristesse, les trahisons amoureuses et les vices de chacun face à un pays à la dérive. Ils endossent les rôles des quatre personnages principaux : Marie, Jean, la Mère, Zenno ; dissociables par leurs tenues et leurs postures. Ils montrent l’inutilité et la faible valeur d’une vie dans ce monde cloisonné et sans pitié. Mais surtout leur désir d’exister et leur manière de s’y prendre avec l’autre. Les contrastes se créaient entre l’impuissance de certains et le pouvoir des autres.

La cadence des militaires et les déplacements chorégraphiques instaurent de la rigueur et effraient. Tous évoluent avec rigueur et droiture au son d’une musique instaurant des rituels et nous donnant à voir, au-delà d’un texte et d’une mise en scène une géométrie et une discipline de jeu, exemplaire.

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