Une femme, de Philippe Minyana par Marcial Di Fonzo Bo

Une femmePhilippe Minyana est un des auteurs dramatiques les plus sociologues de notre époque. Attaché à l’urgence de la parole, il met en lumière des hommes et des femmes dont les fêlures les placent en marge de la société.

Dans Une femme, il s’agit de la fille, la mère, l’amie et l’amante. Autant de facettes d’une femme qui traverse le temps, accompagnée de ses fantômes et de ses peurs de l’au-delà et de l’autre. Un questionnement sur la filiation et sur le deuil, un cheminement vers la forêt profonde du choix et de la délivrance. Le texte mêle tragique, grotesque et humour de manière déroutante, empêchant le spectateur de s’installer dans une atmosphère et un état d’esprit stables.

Catherine Hiegel est cette femme errante, une ombre discrète qu’elle interprète avec beaucoup de bienveillance et de franchise, parfois même avec une once de candeur. Un être qui expérimente les épreuves de la vie pour mieux se diriger vers la mort. Les mots sont bruts, clairs, les échanges fusent comme dans une partie de tennis, mais pourtant, la prise de position dramatique n’est pas claire. Malgré le charisme bien connu de Hiegel et la découverte intéressante d’Helena Noguerra sur les planches, la mise en scène trop confuse nous entraine au sein d’univers trop disparates et incohérents.

Même si la présence d’un fil rouge n’est pas obligatoire, nous ne parvenons pas à cerner la volonté de Marcial Di Fonzo Bo, ni à nous emplir d’une sensation ou d’émotions qui émaneraient de la scène du Théâtre de la Colline. Certaines envolées retombent aussi rapidement qu’elles sont apparues. Des instants de possibles intensités sont gâchés par des partis pris clichés et risibles comme le choix de l’accent de Sylvana ou les acrobaties séniles du père. Parfois la simplicité est une force suffisante.

Reste cette scénographie raccordée à la nature qui se démarque de ce désordre et apporte un souffle de mystère et de symbolique. Les arbres, qui envahissent la scène, ainsi que les vidéos projetées, nous entrainent dans un ailleurs inconnu et nous font goûter aux doux moments suspendus du théâtre. Dommage que le reste de la mise en scène ne suive pas et qu’il y ait tant de décalage entre la force des mots et leur interprétation.

Théâtre de la Colline

Une femme, texte de Philippe Minyana, mise en scène par Marcial Di Fonzo Bo

Avec Marc Bertin, Raoul Fernandez, Catherine Hiegel, Helena Noguerra, Laurent Poitrenaux

Du 9 avril au 17 avril 2014 au Grand Théâtre

Retrouvez cet article sur l’Huffington Post

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