Peau d’Âne, d’après un film de Jacques Demy adapté de Charles Perrault, Musique de Michel Legrand, Direction artistique Emilio Sagi

@Julien Benhamou
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Enfant, je jalousais Peau d’Ane et je réclamais à qui voulait l’entendre une robe couleur soleil. Mais en vain…les robes de contes de fées ne sont pas faites pour sortir de leurs fables. Peau d’Ane, de Jacques Demy est un film culte. La superbe musique de Michel Legrand se balade dans nos têtes des jours durant. Une collaboration salutaire qui donne un petit bijou cinématographique dans lequel tout n’est que merveilles et fantastiques. Les couleurs chatoyantes, les voiles et les diamants, les voix de Catherine Deneuve, de Delphine Seyrig, de Jean Marais et de Jacques Perrin restent gravées dans nos mémoires. Bien loin de l’analyse incestueuse qui ressort du conte de Charles Perrault, dans le film tout n’est que délicatesse, insouciance et légèreté.
« Mon enfant on n’épouse jamais ses parents. Vous aimez votre père je comprends. Quelles que soient vos raisons. Quels que soient pour lui vos sentiments ».

Pour la réouverture du Théâtre Marigny, son nouveau directeur Jean-Luc Choplin prend un risque en présentant sur une scène de Théâtre une adaptation de cette aventure féérique. Peu d’entre nous sont disposés à découvrir une nouvelle vision de cette madeleine de Proust, de peur d’entacher ses souvenirs. Autant dire que cette Peau d’Ane par Emilio Sagi est attendue au tournant. Il faut avouer que le paris est honnêtement et astucieusement relevé pour l’évidente raison que l’adaptation colle, à quelques détails près, au film. Aucune prise de risque, si ce n’est d’en faire une pâle ou piètre copie. Pâle elle l’est peut être par son conformisme mais cela n’entache pas la réussite de cette féérie musicale.

@Julien Benhamou
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La magie et l’étincelance sont au rendez-vous. La scène du Théâtre est semblable à un écrin rayonnant, dévoilant peu à peu ses secrets. L’univers imagé et coloré, propre à Jacques Demy est respecté. L’élégance est présente et les moyens déployés. Des robes bariolées brillantes à souhait, défilent à n’en plus finir. Les codes couleurs propres à chaque famille sont respectés. Ce que le Théâtre ne peut pas reproduire, il le réinvente avec ses propres moyens. Les dispositifs et les décors sont pratiques et ingénieux, créant rapidement des espaces différents. Les chansons s’enchainent rythmées par le brillant orchestre du Théâtre Marigny qui rend un bel hommage à Michel Legrand. Quant aux comédiens, le casting est impressionnant et les taciturnes de voix étonnamment proches des acteurs de chez Jacques Demy. On retrouve deux anciennes étoiles de l’Opéra et aussi la timide Claire Chazal dans le rôle de la narratrice et de la Rose. Quant à Marie Oppert, elle est une Peau d’Ane gracieuse et délicate qui nous rappelle toute la candeur et la pureté de Catherine Deneuve.

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