Kabaret Warszawski, de Krzysztof Walikowski

Kabaret warlikowskiA une époque qui prône l’ouverture d’esprit, les droits de l’homme et la libre pensée, des zones d’ombres se dissimulent, sous certains régimes, limitant les libertés communes. Dans Kabaret warszawski, le metteur en scène Polonais Warlikowski s’attaque à ces vices cachés qui émanent d’une société polonaise, mais aussi universelle, dans laquelle tout reste normé et défini. La liberté, dans tout ce qu’elle a de plus profond et d’individuel, est remise en question et nous renvoie à la triste réalité des mentalités étriquées qui nous entourent. Le metteur en scène souhaite faire tomber les masques des envies d’indépendances mensongères, en balayant les faux-semblants, afin de nous montrer, avec sincérité, ce qui se cache réellement derrière les artifices d’une nation ouverte à l’autre.

À travers des sujets porteurs et forts de sens comme des catastrophes historiques, l’homophobie ou encore le fascisme, il regroupe dans le cabaret de la vérité les individus considérés en marge. Se déroule alors sous nos yeux un show permanent, mêlant sexe, dépendance, frustration, paillettes, arts et religion. Dépourvues de limites, sans aucun tabou, ces figures iront au bout de leurs désirs, sans jugement ni pudeur ; surtout, sans honte. Elles laissent leurs corps et leurs idées s’exprimer sans peur, si ce n’est, peut-être, celle de leur sort et de la solitude. Car il s’agit bien de questionner notre monde actuel pour interroger un avenir incertain, dépourvu d’espoir. Un questionnement qui se développe durant quatre heures d’un spectacle très intense visuellement.

Marqués par Contes africains qui exprimaient déjà une remise en cause de notre existence, nous retrouvons une esthétique épurée mais, ici, très stylisée et davantage chaleureuse et éblouissante. Le dynamisme sans relâche qui provient de la scène du Théâtre de Chaillot transforme la pièce en une fête permanente, un cri fort et alarmant, en restant toujours dans une quête du plaisir et de l’expression de soi.  Une fois de plus, conforment à l’ère du zapping, les scènes s’enchaînent comme des éclairs, manquant parfois de pousser les intentions en profondeur. La volonté est présente, mais la pensée, noyée dans une surcharge d’informations qui défilent, trop sous-jacente. On ne peut qu’apprécier cette scène habitée avec fougue. Néanmoins, il s’agit d’une démonstration physique perpétuelle qui dénature le fond, pourtant clair et intéressant, d’un positionnement qui devient, parfois, trop énigmatique. De plus, manquent des instants de calme et de silence qui tendraient à davantage de réflexions intérieures.

Cependant, nous ne pouvons qu’admirer ces quinze comédiens époustouflants de vie. Leur présence, mêlée à une énergie étonnante, demandent une endurance et un investissement à corps perdus. Il s’agit presque d’un combat pour survivre, une lutte contre l’asservissement. Une pensée particulière pour Magdalena Poplawska et Magdalena Cielecka, dont la souplesse et les déhanchés sensuels et contrôlés nous laissent pantois du début à la fin.

Théâtre National de Chaillot

Kabaret Warszawski, création de Krzysztof Walikowski

Avec Claude Bardouil, Stanislawa Celinska, Andrzej Chyra, Magdalena Cielecka, Ewa Dalkowska, Bartosz Gelner, Malgorzata Hajewska-Krzysztofik, Wojciech Kalarus, Redbad Klijnstra, Zygmunt Malanowicz, Maja Ostaszewska, Piotr Polak, Jacek Poniedzialek, Magdalena Poplawska, Maciej Stuhr
Musiciens Paweł Bomert, Piotr Maślanka, Paweł Stankiewicz, Fabian Włodarek

 

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