Des journées entières dans les arbres, de Marguerite Duras par Thierry Klifa

Des journées entières dans les arbresAu verbe de Marguerite Duras, nous associons une poésie impalpable, des instants suspendus, emplis de silences qui dévorent. La puissance de ses textes nous entraîne dans la lenteur d’un cri, puissant de significations et de sensibilités extrêmes. A l’adaptation de Thierry Klifa et à l’interprétation de ses quatre comédiens, nous allierons un manque d’intérêt et un ennui flottant.

Des journées entières dans les arbres, débute, ce jour-là, avec trente-cinq minutes de retard, contretemps médical que nous prendrons poliment en compte pour excuser l’inefficacité qui règne sur la scène du Théâtre de la Gaîté Montparnasse. Le paysage durassien est balayé radicalement, laissant place à une histoire commune, relevant de l’anecdote banale. Le jeu des comédiens est fade et trop linéaire, dépourvu d’investissement et de conviction. Fanny Ardant, que l’on reconnaît pour son charisme ravageur et énigmatique, n’est pas à la hauteur de nos espérances. Pas assez suggestive et mystérieuse, elle se démarque pourtant et sauve le plateau. Ecrasé sous tant d’aisance et de maîtrise spontanée, Nicolas Duvauchelle est juste, mais ne s’impose pas assez. Loin de la pesanteur et de la force, propres à l’univers de Duras, il s’efface en s’en tenant à la conformité de son rôle. Quant à Agathe Bonitzer, malgré sa fraîcheur, elle adopte une attitude trop figée : le corps est raide et le comportement trop cliché.

Ces personnages évoluent sans la moindre émotion sincère, dans une ambiance ennuyeuse et insignifiante, presque sordide. La scénographie, d’époque, dénature l’épure et la simplicité qui se dégagent du texte. Elle la dote, même, d’un mauvais goût incohérent.

Sans parler de catastrophe, le public venu retrouver le lyrisme et la prose de Marguerite Duras repart déçu, le cœur brisé face à tant de loupés et de manque de position.

Théâtre de la Gaîté Montparnasse

Des journées entières dans les arbres, de Marguerite Duras, mise en scène par Thierry Klifa

Avec Fanny Ardant, Nicolas Duvauchelle, Agathe Bonitzer et Jean-Baptiste Lafarge

Jusqu’au 30 mars 2014

Retrouvez cet article sur l’Huffington Post

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