Antigone, de Jean Anouilh par Marc Paquien à la Comédie-Française

antigoneAller voir une pièce à la Comédie-Française, revient à être certain de se retrouver face à une interprétation de qualité, un ton académique, une prononciation parfaite sans pour autant insinuer de la désincarnation mais un jeu parfois un tantinet trop monocorde et sans risque.

Dans l’Antigone d’Anouilh, plus moderne que celle de Sophocle, l’héroïne est davantage fidèle envers elle-même à travers sa mort qu’elle affronte, plus désireuse de réparer une injustice du cœur que de répondre à une croyance religieuse. Chez Marc Paquien, Antigone est une femme révoltée, une femme qui s’assume et qui nous ressemble.

Cette femme-enfant, au caractère bien trempé et riche en tempérament est incarnée à merveille par la curieuse et saisissante Françoise Gillard de laquelle émanent force, idéaux et convictions.

Cette comédienne envoutante irradie le plateau de sa rage intérieure et de sa détermination. Rebelle en décalage, elle apparaît comme un personnage atypique, un être en éveil au monde, fière de ses propres croyances. Car il s’agit bien de croyances politiques, d’une bataille pour offrir une sépulture digne à son défunt frère, de cette envie de rétablir la justice et ses droits, même si elle doit croire, seule, à son combat contre tous.

En marge donc dangereuse aux yeux de ceux qui l’entourent, son attitude trouve écho en notre époque. La puissance de sa volonté et l’énergie qu’elle y offre, peuvent évoluer avec beaucoup de liberté et d’espace, au sein de cette scénographie épurée, qui laisse place aux enjeux et aux voix résonnantes de tous les comédiens. La mise en scène de Marc Paquien, présente des formes de tableaux qui font évoluer les relations entre les personnages dans des atmosphères assez intimes, qui tendent à la parole et à la confession. Seules les interventions du Chœur sont parfois dérangeantes et offrent à la pièce un ton plus léger, cassant le mythe tragique et le suspens.

Théâtre de la Comédie-Française

Antigone, texte d’Anouilh mis en scène par Marc Paquien

Avec Véronique Vella: La Nourrice
Bruno Raffaelli: Créon
Françoise Gillard: Antigone
Clotilde de Bayser: Le Chœur
Benjamin Jungers: Le Messager
Stéphane Varupenne: Le Garde
Nâzim Boudjenah: Hémon (en alternance)
Jennifer Decker: Ismène (en alternance)
Pierre Hancisse: Hémon (en alternance)
Claire de La Rüe du Can: Ismène (en alternance)

Jusqu’au 2 décembre 2014

Retrouvez cet article sur l’Huffington Post

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *